martedì 28 luglio 2009

1979 - 3


Bakhtiar n’a aucune carte en main, sinon l’appui de l’armée. Mais celle-ci reste (oh! Combien, on le verra par la suite) fondamentalement une inconnue. Comment réagira-t-elle si Khomeiny fait précipiter la crise. Passera-t-elle de son coté, restera-t-elle fidèle au roi è travers Bakhtiar? Et si Bakhtiar décidait d’invoquer la volonté populaire et de faire un référendum institutionnel? L’armée ferait-elle un coup d’état monarchique, khomeiniste? C’est le noeud gordien que quelqu’un finira de trancher dans la violence. Maintenant nous savons qui. A ce moment-là les jeux sont encore ouverts. (Papa m’écrivait en février: Bakatiar ne veut pas comprendre qu’il faut répondre à la violence par la violence!) A ce stade, le mieux est de transcrire mon journal tel quel, en faisant quelques parenthèses avec commentaires.

Le 16 janvier 1979
Le roi a quitté l’Iran pour l’Egypte et les USA, dit-on, sans doute pour toujours. L’ai vu à la télévision avec la reine à son départ. Les traits tirés, très émus, ils avaient l’air de gens qui partent en exil. Mes sentiments sont très mélangés: Après tout c’est un morceau de notre histoire qui se conclut. Je me demande qui, maintenant, va réussir, comme il l’a fait, à concentrer sur lui-meme toute la haine populaite, et à servir ainsi de barrage à la guerre civile.

Le 17 janvier
Je téléphone à maman a 2 h. Elle est chez Saideh. Je parle à Azita. Très émue et inquiète. Elle dit que papa sera à Paris la semaine prochaine. Cela me donne du souci. Pourquoi ce voyage? Est-ce un départ définitif pour lui aussi, le début de l’exil . (Je pensais à ce moment-là que papa mourrait d’ennui et de crève-coeur à Paris!!!) Maman joint Enzo à Turin. Enzo m’appelle pour me dire qu’elle est boulversée par les évènements, qu’elle a parlé à papa hier. Il lui a parlé avec beaucoup d’émotions de ses adieux avec le souverain (il n’a pas été à l’aéroport). Il pense que le départ du roi ne change rien, sinon en pire. Maman dit qu’il voulait organiser une manifestation pour empecher ce départ (sur les instances pressantes du général Arfa, le vieux fou) et qu’elle l’a déconseillé.

Le 18 janvier

Mon inquiétude croit encore. Khomeinistes contre le gouvernement et le Tudeh. Le Tudeh contre tout le monde, le gouvernement à la dérive. Le ministre de la justice a donné sa démission parce que les fonctionnaires le sabotent . Quinze députés du parlement ont obéi à Khomeiny et ont démissionné aussi car, selon Khomeiny, ce parlement est illégal aussi. Massacre à Ahwaz. Les troupes ont tiré contre les opposants du régime. A Esfahan, par contre, elles ont demandé et obtenu l’autorisation de manifester en faveur de KH “sans armes”. C’est très nettement le début de la guerre civile. Les tribus s’agitent , elles sont traditionnellement royalistes et ne craignent pas les effusions de sang. Je n’arrive pas à me passionner pour les évènements. Je n’éprouve que de l’angoisse. Je passe mes journées à tourner en rond sans réussir à me concentrer sur quoi que ce soit. Enzo aussi est déprimée. Le pire sont les listes noires établies par les uns (Khomeinistes) et les autres (Tudeh) qui autorisent leur partisans respectifs à la chasse à l’homme. …

Le 19 janvier

Bakhtiar a parlé aujourd’hui pour dire… : “Si on m’obligeais à partir et que je refusait, ce serait la guerre civile; si j’acceptais de partir, ce serai pratiquement comme remettre aux militaires toute iniziative. Ils feraient un coup d’état qui, pour sur, provoquerait la guerre civile. “ Il a bien raison, le pauvre homme, mais cela ne sert à rien d’avoir raison. Le roi se balade à Assuan. Il a l’air à la fois triste et détendu. Je me demande quel effet cela lui fait de se dire qu’il ne reverra jamais l’Iran.

Le 20 janvier

Khomeini annonce son retour pour vendredi. Mon inquiétude est à son comble… Sa présence va encore fanatiser les foules, les militaires vont etre acculés. Quelle sera la réaction du Tudeh? Il est à supposer que les Communistes toujours très organisés laisseront les autres se combattre et retireront les marrons du feu. Décide d’appeler maman de Turin pour savoir quand papa viendra.

Le 22 janvier

J’appelle maman qui est absente. Azita me dit que papa ne viendra pas après tout. Ce changement de projet est survenu avec l’annonce du retour de KH…. Peut-etre pensait-il faire barrage contre le vieux fou? Qui sait? Azita me dit qu’elle a su par Karim que papa a très mauvais moral, ne parle pratiquement à personne et s’enferme dans sa chambre dès son retour à la maison. Elle ajoute aussi qu’il y a des bagarres terribles entre les musulmans et les tudeh dans les universités et que les mollahs brulent et déchirent les livres des bibliothéques qu’ils jugent contraires à la religion. Apprenant que Saideh a parlé à papa, je l’appelle. Elle a la voix tendue, presque hystérique. Elle me dit que papa ne quitte pas l’Iran “parce qu’il a, à ce qu’il dit, beaucoup à faire." (Pour mon compte on lui a laissé la tache d’ensevelir la monarchie avec l’aide de quelques autres fidèles qui sont restés après le départ du roi. Elle me dit aussi que les gens commencent à se révolter contre les mollahs, les étudiants et les journalistes surtout, et conclut qu’il y a des bons espoirs qu’au milieu de terribles douleurs, la démocratie s’instaure en Iran. Je pense aux terribles douleurs et continue à douter de ce que la démocratie s’instaure. A moins que Bakhtiar ne réussisse son coup et ce n’est pas probable.

lunedì 27 luglio 2009

today's question

Where does legitimacy lie in Iran: does it belong to the people who suffered and died for their freedom in the past month or to Mr.Ahmadinedjad who won a questionable election on June 12? -

domenica 26 luglio 2009

Vento in Galilea




Stamattina, potavo il Merlot nella vigna della Cancellaia. Potare è attività che richiede concentrazione, sì, ma lascia libera la mente e anche la fantasia.
Era una bellissima giornata di febbraio, tersa e fredda, con un forte vento di tramontana, proprio come piace a me. La vigna della Cancellaia è orientata verso sud, ma la tramontana vi giunge dal poggio di Nocola senza ostacoli. Potavo la parte più alta, quella che guarda la pinetina in cima al cocuzzolo, e sentivo il ghiaccio sulle guance, insieme al sole.
Mugugnava il vento come fa solo all’Ortacavoli, e mi guardai intorno. Il vento spazzolava i tralci spogli della vigna, le chiome d’argento della fila di ulivi lungo la strada, gli ombrelli scuri dei pini, la sagoma dritta dei cipressi vicino alla vigna delle Prunicce, turbinava sulla mia bella campagna toscana, si avventava contro le forme splendide della cantina arruffando qualche tegola, e le pietre antiche della casa. Non faceva paura, anzi, mi riempiva di euforia.
D’un tratto, ascoltando il suo grido, vidi un altro paesaggio. Mi tornò in mente un’immagine così precisa e immediata che mi meravigliai di averla ricordata. L’avevo vista in un tempo molto lontano, appena adolescente, un po’ meno di quarantacinque anni fa.
Un anno a Pasqua, o meglio per il Now-rouz persiano, mio padre offrì un viaggio in Israele a mia sorella e a me. Era il 1961 e Israele, da pochi anni, era diventato uno stato indipendente. A dispetto dell’armistizio del ’49 con i suoi vicini, nel ’56 aveva affrontato la guerra de Sinai, voluta se non provocata da Nasser il quale era particolarmente forte dopo il successo del canale di Suez. Spinta dall’urgenza di rendere definitiva la sua presenza nella regione, Israele sviluppava in modo vertiginoso le sue capacità economiche, organizzative e naturalmente militari. Il Paese era allo stesso tempo un giardino e una cittadella assediata.
Queste cose, allora, non le sapevo, avendo un po’ meno di quindici anni. Sapevo per averlo sentito in famiglia che l’Iran, a dispetto della propaganda anti-israeliana e a causa dell’odio verso l’Egitto di Nasser in quegli anni, aveva stabilito legami forti con Israele, seppure del tutto sommersi. Entrambi i paesi erano amici e protetti degli Stati Uniti i quali difendevano la sopravvivenza d’Israele come nazione e la posizione, per loro strategica, dell’Iran in Medio Oriente. Entrambi i paesi soffrivano della sindrome di accerchiamento e non senza ragione. Israele era circondata da vicini ostili che ne volevano la distruzione, l’Iran condivideva una lunga frontiera con la minacciosa Unione Sovietica, coabitava con l’Arabia Saudita nel Golfo Persico e con l’Iraq fin sullo Sciatt.
Tutto ciò accomunava i due paesi, ne faceva alleati naturali contro il panarabismo rampante che Israele aveva ogni ragione di temere e che l’Iran detestava, come detestava tutto ciò che era arabo. Mio padre fu sin dall’inizio coinvolto in questo rapprochement con Israele. Visitò il paese più volte per motivi di lavoro e così ebbe modo anche di avvicinare dal vivo la sua lunga, difficile storia che già ben conosceva - ricordo ancora l’interesse che suscitava in lui la vicenda di Masada. Si legò con molte personalità israeliane di cui rispettava l’acume politico e la tenacia. Tuttavia, più volte rivolse loro il monito, lapidario ma carico di significato, di non diventare come Sparta.
Fu grazie a questi legami che andammo in Israele, mia sorella e io, quella primavera del ‘61. Alloggiammo all’Hotel Arcadia di Netanya. L’albergo ci pareva di gran lusso e Netanya era in riva al mare, un luogo bellissimo e deserto, con poche case. Ne ricordai il nome qualche tempo fa in occasione di un terribile attentato e, vedendo le immagini televisive, mi accorsi che il posto era molto cambiato, tutto costruito sul modello americano o forse solo riminese.
Tutte le mattine veniva a prenderci una signora con una macchina governativa e ci portava a giro per il Paese. Tel Aviv, innanzitutto, di cui ammirai le file ordinate di condomini con i balconi fioriti e i vialini ben tenuti dove scorrazzavano bambini in bicicletta. In quei palazzoni abitavano famiglie comuni, niente di Hollywoodiano, ma a Teheran non esisteva niente di simile e ne provai un’invidia assurda. La Allenby road era molto trafficata, con negozi e ristoranti. Giovani soldati e soldatesse camminavano abbracciati e si davano baci per la strada. Donne, uomini e bambini portavano short e camice aperte al collo, erano spesso biondi e abbronzati, un modello di modernità. Insomma, mi pareva d’essere in Europa. Una cosa un po’ ridicola dato che non vi tornavo dalla mia più tenera infanzia e non avevo la più pallida idea di come fosse.
Visitammo un kibbutz, pieno di giovani armati di picconi, di vanghe. Le mitragliatrici, se c’erano, non si vedevano. A Haifa, salimmo sulle pendici del Monte Carmelo e, nella quiete di un bel giardino intorno a un grande monumento bianco, incontrammo un ex-segretario di mio padre divenuto papa dei Ba’hai - altra gente perseguitata - il cui Vaticano era proprio lì. La sera, da lassù guardammo le luci della baia e delle tante navi nel porto, un momento magico.
Ovunque si notava una grande effervescenza nel Paese e un senso di ottimismo. Piano piano, tuttavia, s’insinuò una nota un po’ stridente in questo scenario idilliaco. Andando verso Gerusalemme, vidi le carcasse di veicoli militari sul bordo strada. La signora ci disse che erano un ricordo delle guerre, lasciate lì proprio per non dimenticare. Immagino oggi, dopo le altre guerre e gli attentati, quanti ricordi del genere ci devono essere, sparsi a giro. Per gli Ebrei, penso che questo concetto di ricordo-monito sia vitale, e non solo dopo la Shoah, ben prima. Da sempre, e’ il filo conduttore a cui si aggrappano nella loro terribile lotta per l’esistenza.

Andammo a visitare ciò che era possibile della Gerusalemme divisa. ben poco dal lato israeliano. Salimmo sopra le vecchie mura a guardare la città vecchia e i luoghi sacri dei Cristiani e dei Mussulmani a cui non potevamo accedere. Ai piedi delle mura, ricordo le case e gli orti tagliati in due dal filo spinato. Fu l’unica volta che vidi Gerusalemme nei miei viaggi. Più tardi, quando andai in Giordania, era passata a Israele e non ci si poteva recare. Salendo sul Monte Nebo, potei solo immaginarla da qualche parte davanti a me o forse sulla destra, nella foschia primaverile in cui era immersa la Giudea.
Naturalmente, i luoghi biblici: Cafarnao dove Cristo abitava e dove scelse Pietro come suo primo discepolo; il lago di Tiberiade in una mattina di sole, con i pescatori – potevano forse mancare? Nazareth nelle cui viuzze affollate risuonava soprattutto l’arabo. Così toccammo la Galilea, terra di Gesù per eccellenza. Quei nomi riverberavano in me, piccola iraniana allevata in semi-clandestinità nella fede cattolica. In Iran, come in altri paesi mussulmani, i cristiani come gli ebrei, i cani, i maiali, erano considerati “impuri”, tollerati ma non graditi.
Un pomeriggio, forse uno degli ultimi, la nostra giovane accompagnatrice ci propose una gita in macchina e su nostra richiesta ci riportò in Galilea. Israele è un paese piccolo e si fa presto ad andare da un punto all’altro. Durante il viaggio, la signora ci raccontò molte cose, come faceva sempre. Era espressiva e parlava un inglese eccellente. La ricordo bene: smilza, mora, gli occhi vivaci, le gambe sfregiate dalle ferite riportate nella guerra del Sinai. Quella sera ci raccontò del processo di Eichman che si stava preparando proprio in quel momento. Il nazista era stato catturato in Argentina l’anno prima e riportato in Israele. L’esito del processo poteva essere uno solo, nell’opinione della signora. Se tutto andava per il verso Eichman sarebbe stato impiccato, e così fu. Nel ’61, erano passati solo sedici anni dalla fine della guerra, un po’ più degli anni che avevo allora. In un periodo così breve, era impossibile dimenticare. Seppure con una vigorosa generazione di giovani Sabra, Israele contava anche persone anziane, nonni o genitori di ragazze come questa, gente che aveva vissuto l’olocausto in prima persona e lo raccontava.
Non so perché il nostro cicerone ci portò a vedere un edificio fatiscente in mezzo al nulla, tutto butterato dalle pallottole. Sembrava un vecchia caserma abbandonata. Ancora oggi mi pare di averle sentito dire che, per un certo periodo, Eichman fosse stato rinchiuso lì. Ma forse ricordo male o forse allora il discorso su Eichman mi impressionò così tanto da collegarlo a questo posto orribile. A un certo punto, dalla vecchia caserma uscì un uomo, alto e allampanato con la faccia da ebete: arcate sopraccigliari molto sporgenti, occhi infossati, mento pronunciato. Sbiascicò qualche parole appena e ritornò dentro. Era il guardiano e viveva lì solo, a custodire chissà cosa. Non aveva colpa, poveretto, ma la sua bruttezza mi sembrò perfettamente in tono con il posto. Fui felice quando ripartimmo.

Stava imbrunendo. In macchina, parlavamo sommessamente e dopo aver fatto un po’ di strada, chiedemmo di fermarci. Le colline della Galilea sono dolcissime, coperte di un manto verde in primavera. Seppure fosse quasi buio, volevamo guardarle un ultima volta. La nostra accompagnatrice fece fermare la macchina e ci portò a piedi su una piccola altura in cima alla quale si ergeva una torre: non una torre medievale, ma una specie di mirador in cemento, con strette finestre oscure e senza vetri, il quale sicuramente aveva uno scopo militare. Si stagliava contro il cielo indefinito del crepuscolo e dava a quella vista, carica per noi di tante emozioni, un aspetto malevolo. D’un tratto, ci si accorgeva quanto fosse deserto quel luogo. Deserto, ma non silenzioso.
Già, il vento. Scendeva dalla Siria, il vento, e si avventava sulle colline, gelido e furioso. Quando passava attraverso quelle finestre, il suo grido diventava un pianto modulato, quasi umano. Era come l’urlo della guerra, il vento in Galilea. Mi risuona ancora negli orecchi, rende buio il ricordo di quello splendido luogo.
Una seconda volta, quel giorno, fui felice di salire in macchina e di rivedere le luci di Tel Aviv. Quelle immagini restarono sepolte nella mia mente per quarantatre anni. Fino a stamattina quando mi tornarono in mente e pensai che Gesù forse sarebbe stato più felice di camminare in pace per questi poggi toscani, dove la tramontana è robusta, gioiosa e fa bene.




Vada, 18-19 febbraio 2004

today's question

Where does legitimacy lie in Iran? With the people who have suffered and died to claim their freedom, or with Mr. Ahmadinedjad's questionable victory in the June 12 elections?

martedì 21 luglio 2009

1979 - 2


Les frères et soeurs du roi ont quitté le pays, emportant tous leurs biens et faisant crouler une ou deux grosses banques. La saignée de capital vers l’étranger est colossale. Papa s’emporte encore une fois, il est démoralisé et ses lettres s’en ressentent. Mais il reste à son poste. En Iran les manifestations se succèdent. Tous les jours il y a des morts un peu partout. On prévoit de graves troubles pour le Moharram, au mois de décembre. Papa décide d’amener maman, Azita e Rudy à Paris. Il prétend qu’il veut voir son cardiologue et l’exposition Le Nain. A Saideh, il avoue que ce n’est qu’un prétexte pour éloigner maman de l’Iran. A maman il affirme que ce serait une “trahison” de sa part si elle rentrait en Iran. Je vais, quant à moi, passer deux jours à Paris. C’est la dernière fois que je verrai papa.

Dimanche 19 (novembre 2008), déjeunons chez Saideh. Papa est muet. Il passe son temps à regarder Paris de la terrasse de Saideh. Saideh fait de lui des photos extraordinaires, les “photos de l’adieu”, les dernières avant celles de son procès et de sa mort. Je garde un souvenir terrible et angoissant de cet après-midi, comme si nous savions tous que c’était la dernière fois. Pour conjurer cette idée, je me plains auprès de Saideh: “Papa est sombre, indifférent. Je le vois deux fois par an et c’est toujours pareil.” En fait, nous savons qu’il est d’une tristesse mortelle. A se demander maintenant s’il ne prévoyait pas ce qui allait venir par la suite. Le lendemain, lundi, je quitte Paris. Papa et Djehanguir doivent repartir mardi, c’est à dire le lendemain. Papa est à moitié endormi. Il insiste pour se lever, il me serre sur son coeur et reste à la fenetre du salon pour me regarder partir. J’en suis à peu près malade. Le voyage de retour à Turin est un cauchemar. Dix heures de vide, d’angoisse. Quand j’arrive, Enzo m’interroge, je suis défaite, je me mets à pleurer.


Les enfants et moi allons è Vada et je prépare l’examen pour mon permis de conduire. Le temps passe, j’attends avec angoisse le Moharram. Jamais je n’ai été aussi terriblement inquiète. Papa promet de venir en Europe dans un ou deux mois. Il a encore “à faire” à Téhéran. A Paris, il nous dit que le roi est au bout de son rouleau. “S’il part, c’est la fin. S’il n’est pas encore parti, c’est pour éviter la guerre. Il est le seul à pouvoir l’éviter.” Et c’est vrai. Toute la haine se concentre sur lui et sur sa famille , mais c’est aussi un point de repère dans le chaos. Si seulement il avait eu l’intelligence de s’appuyer sur papa, de suivre ses conseils. Mais c’est déjà trop tard sans doute. L’été dernier nous pensions, Enzo et moi, qu’il eut fallu faire des éléctions libres immédiatement, à n’importe quel prix. C’était encore le meilleur moyen de montrer sa volonté de libéraliser. Le roi tenait encore l’armée, il n’y avait eu ni les morts d’Abadan ni ceux du 8 septembre. En automne, papa dit au roi (quote Saideh): “vous devriez pendre vingt persone parmi les plus corrompus et les plus responsables. Je devrais etre le vingt-et-unième puisque je suis obligé de vous donner ce conseil.” Pauvre petit papa. Amir-Abbas Hoveyda doit etre arreté, le roi voudrait que papa lui annonce la nouvelle, papa refuse naturellement. En fait cette arrestation ne change rien. Nous vivons tous dans le cauchemar ou croyons vivre dans le cauchemar. Il y aura pire, bien pire, après.

La reine tient une sorte de conseil de sages (dont fait partie papa) pour trouver le moyen de redresser la situation. Papa dit qu’elle est une “lionne”. Le roi, par contre, commence sa manie dépressive. Personne ne gouverne. Le 2 décembre, début du Moharram, de très graves troubles éclatent à Téhéran et ailleurs. Téhéran est littéralement saccagé, les statues du roi démolies (et il y en a beaucoup). On laisse faire, tout en tirant sur la foule. Il y a de nouveau beaucoup de morts, mais personne ne s’en étonne. Les morts en Iran, aujourd’hui, sont à l’ordre du jour. Puis c’est le calme plat jusqu’au 10-11, jour du Tassoua et de l’Achoura. Pendant ces deux jours, de grandes manifestations ont lieu; des milions de personnes se retrouvent dans les rues de Téhéran et défilent de manière pacifique, demandant surtout le second jour la fin du régime, à l’établissement de la république islamique. Karim et Djehanguir participent. Ils sont très impressionnés. La presse, en Europe, est pleine d’admiration pour ce peuple capable de manifester de manière unanime et pacifique sa volonté. Les manifestations ont été très bien organisées. L’armée reste à l’écart. Nous poussons tous un soupir de soulagement. Les choses vont-elles s’arranger? Le roi est en pourparlers avec Sadighi, ex ministre de Mossadegh pour qu’il forme le gouvernement. Azhari, le pauvre homme, n’est guère à la hauteur de la situation. En fait, en Iran, c’est bien Oveicy qui gouverne. Il est détesté et pour cause. Les pourparlers n’aboutissent à rien. Sadighi n’a sans doute pas envie de se compromettre et personne avec lui.

Fin décembre, Chapour Bakhtiar du Front National, accepte de former le nouveau gouvernement. Il est accusé par ses amis (Bazargan e Karim Sandjabi) d’avoir trahi la cause. Il n’a pas l’air de s’en faire. Il est ferme, l’oeil et l’allure tranquilles. C’est un personnage qui séduit au premier abord, si ce n’est par le courage qu’il a montré en acceptant.

La situation est plutot désespérée. On commence à parler du départ du roi. Les américains, en un premier moment, confirment leur appui au roi . En fait, c’est une question de temps. Tout le monde se dit qu’il n’est qu’encombrant et que sa présence empeche toute solution de la crise. L’opionion unanime est qu’il devrait laisser les coudées franches à Bakhtiar. Les américains finissent par voir en celui-ci une réelle possibilità et sans aucune autre forme de procès annoncent au roi qu’il serait temps qu’il prenne de “longues vacances”. En fait depuis pas mal de temps le roi ne cherche qu’un pretexte pour partir. Il dit qu’il est très fatigué, qu’il a envie d’aller se reposer, d’aller skier (c’est bien le moment). Le tout est de trouver un endroit où il puisse se réfugier. Personne ne veut de lui. Sa présence est trop encombrante. Les démocraties le refusent. La Suisse n’en veut pas car sa présence représente des frais énormes de sécurité. L’Amérique n’en veut pas non plus, au fond pour ces memes raisons et c’est sans doute elle qui fait pression d’abord sur Sadat e ensuite sur Hassan II du Maroc.
Le 16 février, le roi quitte l’Iran avec sa famille et une soixantaine de ses très “proches”. Il emporte, parait-il, un coffre de terre de l’Iran. Il a l’air tendu et triste. La reine a un regard plus fier mais triste aussi. Ils laissent derrière eux un pays déchiré, Bakhtiar à la tete du gouvernement et un conseil de régence dirigé par un certain Jalal Tehrani. (à suivre)


La domanda di oggi:

Il settimanale Espresso pubblica le intercettazioni sulla vita privata del premier Berlusconi.  Chi, dalla procura di Bari, gliele ha fornite?