venerdì 30 ottobre 2009

Vie e destin

Lire "Vie et destin" de Vassili Grossman pour comprendre l'immensité de la dévastation qui s'est abbattue sur l'histoire de l'humanité au 20ème siècle, histoire déjà tissu de tragédie depuis des millénaires. Un défi pour quiconque de se preter encore à des idéologies.

vita e destino

Leggere "Vita e destino" di Vassili Grossman per capire l'immensità della devastazione che si è abbattuta sulla storia dell'umanità nel 20° secolo, una storia che già di per sé era stata un tessuto di tragedie per millenni. Una sfida per chiunque affidarsi ancora a delle ideologie.

domenica 25 ottobre 2009

1979 - 10

Mardi 20

Ces journées sont de nouveau remplies d’angoisse. Je vis dans le cauchemar, sans nouvelles. Rien dans les journaux.

Jeudi 29

Maman me téléphone pour me dire qu’il y aura un procès contre papa, que les autorités ont fait publier par les journaux et annoncé à la radio une liste de 36 personnes , invitant les populations à venir dénoncer leurs crimes. Cela se passe de commentaire.

Vendredi 30

Journée de referendum en Iran. La question posée est la suivante: Monarchie ou République islamique? Deux bulletins de vote (de couleur différente). On vote en plein air, sans isoloir. Le résultat est imaginable. Téléphone à Saideh car elle me parait, de tous les membres de la famille, la plus active. Je suis angoissée. Je lui dis alors que si le procès n’est pas public, c’est qu’on veut la tete de papa. Papa est le seul à savoir ce qu’on lui demandé e ce qu’il a répondu en cours d’instruction. Il est le seul à savoir les risques qu’il coure. Nous autres nous vivons d’espoir et de suppositions. Je sais quand meme qu’on a demandé à papa pourquoi il a fermé l’école de Qom en ’63 et qu’il a répondu “parce qu’il le fallait”. Cela a du convaincre ses inquisiteurs. Saideh m’assure que le procès sera public, avec toutes les garanties. Une délégations de juristes internationaux s’en va en Iran, avec è sa tete un certain (avocat)Albala auquel Saideh a téléphoné pour lui parler de papa. Il lui a assuré qu’il verrait papa et interviendrait en sa faveur. [En fait Albala et sa délégation allaient en Iran pour controler la légalité de l’opération reéférendum. Il a dit en rentrant que le référendum avait eu lieu dans la légalité! Claire Blanchet nous a raconté les détails de cette légalité. Elle a dit que les gros paquets de bulletins de vote trainaient un peu partout et qu’elle regrettait de ne pas en avoir emporté quelques uns à titre de souvenir! Que les gens votaient en plein air et demandaient aux membres du siège électoral comment il fallait faire. Ceux-ci s’empressaient naturellement de leur montrer le “bon” bulletin de vote. Ce que Pierre et Claire ont rapporté a eu lieu dans les villages au pied du Damavand où ils sont allés assister à l’opération de vote.
Quant à Albala, maman lui a téléphoné à son retour pour savoir s’il avait vu papa. Il lui a fait répondre par sa secrétaire et lui a fait savoir qu’il avait vu papa et qu’il allait bien. Maman a supplié la secrétaire de lui passar Albala en personne pour qu’il lui donne des détails. Elle a poliment et froidement refusé, sans doute parce qu’elle avait reçu des instructions. Albala aurait dit à la presse que les prisonniers étaient convenablement traités et leurs droits respectés].

Lundi 2 avril

99,99% de votes en faveur de la République islamique! Qui s’en étonnerait? Surement pas maitre Albala. Ils vont en faire à leur tete à présent . [Enzo me dit que meme avec un calculateur la marge d’erreur est d’environ de 10%].

Mardi 3 avril

Reçois une lettre de papa datée du 9 février. Pauvre petit papa adoré. Il est tellement pessimiste et il a bien raison. [Une semaine après il a été arreté. Le lundi la République islamique a été proclamée. Vendredi il a été arreté. Ces gens savaient à coup sur ce qu’ils voulaient et s’ils l’ont pris dans une rafle généralisée, cela ne change rien au fait que c’est bien lui qu’ils cherchaient.
[Cette lettre du 9 février a une histoire curieuse. Un jour, environ 10 jours avant le 3 avril, j’ai reçu un coul de fil vers 10h du matin. Une voix provenant d’un monsieur agé et très faché qui me dit: “ je vous téléphone de via Nizza. Donnez-moi votre adresse pour que je vous l’envoie. “ Je lui donne mon adresse, tout à fait interloquée et le regrette sur-le-champ car le monsieur raccroche sans ajouter mot e je ne peux lui demander d’explication. Tout de suite après j’appelle Enzo qui est furieux et me dit que j’ai eu tort de donner notre adresse. Il y a tellement d’actes de terrorisme et surtout il craint les iraniens. Je suis très inquiète. Pendant 10 jours, je me fais du souci. Cette lettre n’arrive pas et je commence à me demander s’il ne s’agit pas en effet d’un mauvais coup. La seule chose qui me rassure c’est que ce type connaissait le numéro de téléphone, il ne lui était pas difficile de trouver l’adresse sans rien me demander et de faire son mauvais coup sans préavis. Et puis c’était une voix agée de petit employé furieux de devoir se donner du mal. Le 3 avril la lettre arrive enfin et tout s’explique. Papa l’avait confiée au fils de Sobhi qui se rendait en Italie. Quand il est arrivé, il a du apprendre l’arrestation de papa et il s’est dit qu’il valait mieux ne pas se mouiller avec des gens comme nous en me téléphonant. Il a donc collé des timbres sur l’enveloppe et il l’a mise dans une boite aux lettres. Or sur l’enveloppe, il n’y avait que mon nom et mon numéro de téléphone. La lettre est arrivée à la poste centrale de via Nizza, entre les mains du petit employé. Tout furieux qu’il était, ce pauvre bonhomme m’a téléphoné et m’a expédié la lettre, faisant son devoir avec un scrupule admirable. Il ne savait pas qu’il venait de faire une des meilleures actions de sa vie, puisque c’est la dernière lettre que j’ai reçu de mon père].

4 avril, mercredi [une semaine après ce serait le tour de papa]

Bhutto a été exécuté. Faudrait-il dire assassiné? Cela me bouleverse littéralement. Parle à maman. Elle me dit qu’il y a une campagne de presse en faveur de papa en Iran et que selon Djehanguir, la seule personne qui peut intervenir pour sauver papa, c’est Kh. Maman dit qu’elle va lui écrire.

Vendredi 6 avril

Partons pour Vada. Je suis très fatiguée , la tete vide quand elle n’est pas pleine d’images de cauchemar. En Asie, j’ai l’impression que c’est le délire religieux. Les européens n’y comprennent rien à rien. Quoi qu’ils fassent, les orientaux s’en fichent. Papa était intervenu en faveur de Bhutto. Cela n‘a servi a rien.
Samedi

Nous apprenons ce soir l’exécution de Hoveyda. Je n’ai plus le coeur de rien espérer. Quelques soient les fautes de Hoveyda, il n’a jamais fait tué ses adversaires. Il est malgré tout plus respectable que ses bourreaux. Je me mets à pleurer, mais les larmes séchent vite. A quoi bon? Maman m’appelle, sa voix tremble. Je crois qu’elle est à peu près folle d’inquiétude. Je parle à Karim au téléphone. Il est 4h du matin à Téhéran. Il a la voix pateuse. Il me dit de ne pas m’inquiéter. “Papa, dit-il, n’est pas dans la meme catégorie que Hoveyda”. Je lui demande à quand le procès. Il me répond “je ne sais pas. Ici les choses changent de jour en jour. Tu as bien vu que Kh. a changé ? d’avis sur Hoveyda.” Je lui demande s’il a vu ou verra papa. Il me réponds “non je ne l’ai pas vu et ne verrai pas. Ils ne me laisseront pas le voir”.
Maman me rapporte les propos d’André Fontaine (qui venait de rentrer de Téhéran, il me semble): “Vous ne savez pas ce qui se passe dans votre pays. C’est tout à fait horrible. “ Kh. aurait dit: “A quoi servent les procès? Nous savons qui sont les coupables. Il faut les tuer jusqu’au dernier.”

lunedì 19 ottobre 2009

1979 - 1

24 avril 1979 (est la date à laquelle j’ai réuni toutes les annotations dans mon agenda 1978 et 1979)
Papa et maman quittent Paris le 14 mars (1978) . Le16, Moro est enlevé et c’est le début d’une longue tragédie.
J’ai oublié de dire qu’à partir du mois d’octobre, la situation se détériore en Iran, avec de nombreux troubles qui se répètent en province mais, pendant longtemps, laissent Téhéran dans l’indifférence. … Aucun de nous ne se rend compte ce à quoi ces troubles vont porter. Aucun de nous n’a conscience de l’immense tragédie qui se prépare pour le pays et pour notre famille. Au mois de février, papa nous dit à table, un jour à propos de l’Europe, “cet immense réservoir de ressources humaines, philosophiques, scientifiques”, qu’elle était vulnérable parce qu’elle ne voulait plus défendre ses richesses et qu’elle en était arrivée au point où ce refus risquait de se transformer en incapacité de se défendre . Enzo lui pose alors la question: “Et l’Iran qui est si bien armé pour se défendre, sera-t-il capable de se défendre”? Et surtout contre des contradictions d’ordre politique et social qui ne pouvaient pas ne pas exploser éventuellement?” Papa répond: “Par certains cotés , l’Iran est encore plus vulnérable que l’Europe”. Il n’ajoute rien et n’explique rien. Au cours de ce séjour, il ne cesse de nous répéter “L’Europe en a pour dix ans, l’Amérique pour cinquante. Allez-en Amérique. Si j’étais vous j’irai en Amérique”. Enzo de lui répondre que s’il voulait s’abandonner au cynisme il irait en Amérique, mais que tant qu’il croirait en l’Europe, tant qu’il aurait de l’espoir, il ne l’abandonnerait pas. Je crois que papa a du le comprendre. Plus tard, le 11 avril, s’est-il souvenu de cette conversation?
…. Revenons à l’année 1978 si pleine d’évènements, riche en hypothèses. En Iran, la situation s’aggrave. Hoveyda est renvoyé au printemps, remplacé par Amouzegar qui fait figure de jeune lion avec un grand avenir. Il a été ministre des finances e du pétrole, il est connu internationalement à cause de sa belle prestance télévisive aux réunions de l’OPEP. Mais il n’est pas plus futé que les autres, si ce n’est pour ses affaires personnelles. Il “obéit”.
A l’origine des troubles iraniens, il y a évidemment la situation sociale très tendue, la mauvaise distribution de la richesse du pétrole, la cloaque de la corruption, l’indifférence du roi au sort de la population, son intéret passionné pour les affaires internationales et pour les joujoux de guerre. Il y a aussi une vilaine histoire de calomnie, lancée en novembre par le futé Nassiri (chef de la SAVAK ) contre Khomeini qui est en exil en Iraq. ) Nassiri écrit une lettre ouverte aux journaux dans laquel il accuse le saint homme de toute sorte de crimes, sodomie, corruption de mineurs etc… Naturellement, cela donne le prétexte aux disciples de Kh. et à lui-meme de rentrer en scène. A partir de là, l’étoile de Khomeini ne cessera de briller (d’une sinistre lueur).
En janvier, Carter se rend en Iran et impose au roi un changement radical de sa politique des Human Rights. Le roi soutiendra souvent par la suite qu’il n’avait pas besoin de ce conseil et qu’il avait déjà l’intention de libéraliser le régime. Avec Amouzégar, cette libéralisation commence sérieusement: entre autres, la censure de presse se fait de moins en moins sentir. Le baillon a été oté e cela provoque dans la presse une réaction prévisible: elle se déchaine contre le régime, dénonce tous les corrompus, attaque le roi. Mais la libéralisation est en cours. Au début du mois d’aout (1978) il y a un terrible incendie dans le cinéma Rex d’Abadan. Les morts sont environ 400. On accuse le régime, ou tout au moins la SAVAK, de l’avoir provoqué, Dieu sait pourquoi. L’affaire est très louche, elle ébranle sérieusement le régime. Personne ne pardonne ces quatre-cents morts au roi et cela creuse un abime entre lui et le peuple. Amouzégar démissione, il est remplacé par un des voleurs les plus notoires de l’establishment. Cela n’arrange pas les choses. Le pays bouillonne littéralement. Maman m’écrit que les accusations contre le roi et toute sa famille sont publiques, le plus souvent obscènes. Le 8 septembre, vendredi, doit avoir lieu le quarantième jour de deuil pour les morts d’Abadan . Diverses manifestations sont prévues. Sans aucun préavis, le régime décide d’établir la loi martiale. Le gouvernement n’est meme pas inclu dans cette décision. Comme gouverneur de la loi martiale, le roi choisit Oveicy (de sinistre mémoire). Décidément le souverain accumule erreur sur erreur. Il dira par la suite, et j’en suis à peu près certaine, qu’on lui a forcé la main. Il est prisonnier d’un noyau de durs qui commencent à comprendre qu’ils vont tout perdre. Toute manifestation est interdite. La loi martiale prévoit qu’on tire sur la foule. Vendredi 8, à Téhéran, elle le fait, en particulier place Jaleh. Il y a plusieurs miliers de morts. A ce point pour la monarchie, c’est vraiment la fin. Khomeiny ne cessera plus de gagner du terrain.
Sur ce, les Irakiens, en un geste de solidarité tout à fait extraordinaire envers l’Iran, demandent à Khomeiny de quitter sur-le-champs leur pays. Khomeiny se rend en France s’installer à Neauphle-le-Chateau, d’où il prépare l’insurrection, lance invective sur invective contre le régime, tout cela sous l’aile complaisante des francais. Ceux-ci sont chatouillés par la présence de ce révolutionnaire dans la terre natale de la Révolution et puis, ils ne sont pas indifférents au fait que Khomeiny pourrait réussir sa révolution. Ils veulent donc le ménager, c’est-à-dire ménager son pétrole et ses futurs rapports avec la France. En fait tout cela est si simple que c’en est banal. Le premier ministre s’en va, remplacé par un vieux général. Papa est nommé vice-ministre de la Cour et administrateur des finances royales, “comptable” comme il dit. Il ne reste d’ailleurs plus grand’chose à administrer.

1979 - 9

Vendredi 2 mars

Situation très confuse. Une coupure semble se faire entre Kh. e Bazargan.

Dimanche 4 mars

Bazargan ne semble pas capable de controler la situation. Kh. ,de Qom, lance des invectives à la Savonarole. Les exécutions continuent sur l’ordre de divers Komiteh Khomeini qui se sont formés spontanémentdans le pays, jusque dans les plus petits villages. Naturellement, dans de telles conditions, la justice (justice?) rendue est plutot sommaire. Bazargan est irrité et impuissant.

Mardi 6 mars

Maman me téléphone pour me rassurer (!). Karim et Dejahanguir maintiennent le contact avec papa par l’intermédiaire de plusieurs personnes. [ Il s’agirait en fait d’un infirmier de Qasr], mais en attendant , on ne parle pas de libérer papa. On ne “trouve pas de juge”, cequi parait étrange. Mes journées se passent dans une inquiétude latente. Je n’ai jamais rien éprouvé de semblable et je crois que ce qui distingue mon sentiment, c’est qu’il est sans issue, la situation elle-meme est sans issue, tout au moins dans l’immédiat. J’ai peur que K. Et Dj. s’habituent à la routine e ne fassent pas tout ce qu’il y a à faire . On ne peut se contenter des assurances que donnent les intermédiaires. Maman me dit que K. et Dj. vont s’adresser à Matine-Daftari, le neveu de Mossadegh, qui est un avocat célèbre (et un membre influent du comité pourl es Droits de l’Homme!!!) pourqu’il intervienne. Maman m’annonce qu’Azita et Rudy rentrent. Ce n’est pas très malin.

Jeudi 8 mars

Journée de la femme dans le monde. En Iran, les femmes manifestent contre le port du voile et autres contraintes que l’Islam impose aux personnes de leur sexe. Kh. réplique avec duvet [plusieurs femmes dans la foule reçurent ce jour-là des coups de couteau]. Matine-Daftari, président de l’organisation des droits de lhomme, demande de pouvoir surveiller les procès qui se font actuellement et de visiter les prisons pour voir les conditions de vie des prisonniers. Le gauche et le centre libéral se lient de plus en plus, en vue d’obtenir que le référendum du 30 mars ne pose pas la question “République islamique ou monarchie, mais plutot “République tout court ou monarchie”. Bazargan est impuissant et la rupture avec KH. qui est le principal baton dans ses roues, se précise de plus en plus: On annonce que le nouveau régime va faire le procès par contumace de la famille royale. Mon impression est que papa restera en prison tant que ce procès ne se fera pas. Sept personnes fusillées.

Vendredi 9 mars

Bazargan menace de démissionner. Kh. l’attaque ainsi que ses ministres qui veulent une démocratie à l’Occidentale, qui se comportent pire que les anciens ministres par leur luxe et leur inertie. Huit personnes fusillés pour délits sexuels!!! Manifestations de femmes que les jojjaheddin attaquent à coup de conteau. Le ministre de la justice déclare à la presse qu’il ne faut pas se scandaliser des arrestations arbitraires et des exécutions sommaires. André Chénier ne fut-il pas arreté et décapité pour une raison tout à fait insignificante? Merci.

Samedi 10 mars

Bazargan se réconcilie en apparence avec Kh. auquel il rend visite à Qom avec une délégation de ministres: en fait la situation pourrit et le gouvernement manque de poigne, d’idées et de volonté. Cela rend la situation de papa très dangereuse. Cha’aban Bimokh a été exécuté parce que “gangster à la solde du roi”.

Lundi 12

Appelle maman. Elle me dit que Karim a garanti (comment peut-il garantir quoi que ce soit?) que papa serait sorti dans trois jours parce que le gouvernment a investi trente juges pour qu’ils en finissent avec tout les dossiers en cours. Papa va bien, parait-il, mais maman n’a pas une bonne voix. Ou plutot elle essaye sans y réussir, elle me dit que les autorités auraient conseillé que papa “ne rentre pas à la maison, parce qu’il y a beaucoup de gens mal intentionnés (textuel!) qui s’en prennent aux libérés. Veulent-ils mettre papa en liberté surveillée?

Jeudi 15

On annonce que Hoveyda a été condamné à mort par le tribunal islamique. Mon inquiétude croit de minute en minute. Et
papa? Les chefs d’accusation contre Hoveyda: avoir favorisé le sionisme et la politique américaine en Iran. D’avoir agi, en somme, contre la loi du Coran. L’Amérique n’existait pas encore au 7e siècle et le sionisme, s’il y en avait, était à ses premières armes. Ces memes accusations – sionisme, favoriser les Etats-Unis – vaudraient pour papa. Cauchemar.

17 mars, samedi

Bazargan se rebelle et va voir Kh. à Qom. Il lui dit le mauvais effet que font les exécutions sommaires à l’étranger. Kh. donne l’ordre de suspendre tous les procès et toutes les exécutions jusqu’à ce qu’ont ait étable un règlement en la matière. Aucune nouvelle de maman. Papa n’a donc pas été libéré (comme l’avait promis Karim). Il y aura un procès, j’en suis sure.

1979 - 1

24 avril 1979 (est la date à laquelle j’ai réuni toutes les annotations dans mon agenda 1978 et 1979)
Papa et maman quittent Paris le 14 mars (1978) . Le16, Moro est enlevé et c’est le début d’une longue tragédie.
J’ai oublié de dire qu’à partir du mois d’octobre, la situation se détériore en Iran, avec de nombreux troubles qui se répètent en province mais, pendant longtemps, laissent Téhéran dans l’indifférence. … Aucun de nous ne se rend compte ce à quoi ces troubles vont porter. Aucun de nous n’a conscience de l’immense tragédie qui se prépare pour le pays et pour notre famille. Au mois de février, papa nous dit à table, un jour à propos de l’Europe, “cet immense réservoir de ressources humaines, philosophiques, scientifiques”, qu’elle était vulnérable parce qu’elle ne voulait plus défendre ses richesses et qu’elle en était arrivée au point où ce refus risquait de se transformer en incapacité de se défendre . Enzo lui pose alors la question: “Et l’Iran qui est si bien armé pour se défendre, sera-t-il capable de se défendre”? Et surtout contre des contradictions d’ordre politique et social qui ne pouvaient pas ne pas exploser éventuellement?” Papa répond: “Par certains cotés , l’Iran est encore plus vulnérable que l’Europe”. Il n’ajoute rien et n’explique rien. Au cours de ce séjour, il ne cesse de nous répéter “L’Europe en a pour dix ans, l’Amérique pour cinquante. Allez-en Amérique. Si j’étais vous j’irai en Amérique”. Enzo de lui répondre que s’il voulait s’abandonner au cynisme il irait en Amérique, mais que tant qu’il croirait en l’Europe, tant qu’il aurait de l’espoir, il ne l’abandonnerait pas. Je crois que papa a du le comprendre. Plus tard, le 11 avril, s’est-il souvenu de cette conversation?
…. Revenons à l’année 1978 si pleine d’évènements, riche en hypothèses. En Iran, la situation s’aggrave. Hoveyda est renvoyé au printemps, remplacé par Amouzegar qui fait figure de jeune lion avec un grand avenir. Il a été ministre des finances e du pétrole, il est connu internationalement à cause de sa belle prestance télévisive aux réunions de l’OPEP. Mais il n’est pas plus futé que les autres, si ce n’est pour ses affaires personnelles. Il “obéit”.
A l’origine des troubles iraniens, il y a évidemment la situation sociale très tendue, la mauvaise distribution de la richesse du pétrole, la cloaque de la corruption, l’indifférence du roi au sort de la population, son intéret passionné pour les affaires internationales et pour les joujoux de guerre. Il y a aussi une vilaine histoire de calomnie, lancée en novembre par le futé Nassiri (chef de la SAVAK ) contre Khomeini qui est en exil en Iraq. ) Nassiri écrit une lettre ouverte aux journaux dans laquel il accuse le saint homme de toute sorte de crimes, sodomie, corruption de mineurs etc… Naturellement, cela donne le prétexte aux disciples de Kh. et à lui-meme de rentrer en scène. A partir de là, l’étoile de Khomeini ne cessera de briller (d’une sinistre lueur).
En janvier, Carter se rend en Iran et impose au roi un changement radical de sa politique des Human Rights. Le roi soutiendra souvent par la suite qu’il n’avait pas besoin de ce conseil et qu’il avait déjà l’intention de libéraliser le régime. Avec Amouzégar, cette libéralisation commence sérieusement: entre autres, la censure de presse se fait de moins en moins sentir. Le baillon a été oté e cela provoque dans la presse une réaction prévisible: elle se déchaine contre le régime, dénonce tous les corrompus, attaque le roi. Mais la libéralisation est en cours. Au début du mois d’aout (1978) il y a un terrible incendie dans le cinéma Rex d’Abadan. Les morts sont environ 400. On accuse le régime, ou tout au moins la SAVAK, de l’avoir provoqué, Dieu sait pourquoi. L’affaire est très louche, elle ébranle sérieusement le régime. Personne ne pardonne ces quatre-cents morts au roi et cela creuse un abime entre lui et le peuple. Amouzégar démissione, il est remplacé par un des voleurs les plus notoires de l’establishment. Cela n’arrange pas les choses. Le pays bouillonne littéralement. Maman m’écrit que les accusations contre le roi et toute sa famille sont publiques, le plus souvent obscènes. Le 8 septembre, vendredi, doit avoir lieu le quarantième jour de deuil pour les morts d’Abadan . Diverses manifestations sont prévues. Sans aucun préavis, le régime décide d’établir la loi martiale. Le gouvernement n’est meme pas inclu dans cette décision. Comme gouverneur de la loi martiale, le roi choisit Oveicy (de sinistre mémoire). Décidément le souverain accumule erreur sur erreur. Il dira par la suite, et j’en suis à peu près certaine, qu’on lui a forcé la main. Il est prisonnier d’un noyau de durs qui commencent à comprendre qu’ils vont tout perdre. Toute manifestation est interdite. La loi martiale prévoit qu’on tire sur la foule. Vendredi 8, à Téhéran, elle le fait, en particulier place Jaleh. Il y a plusieurs miliers de morts. A ce point pour la monarchie, c’est vraiment la fin. Khomeiny ne cessera plus de gagner du terrain.
Sur ce, les Irakiens, en un geste de solidarité tout à fait extraordinaire envers l’Iran, demandent à Khomeiny de quitter sur-le-champs leur pays. Khomeiny se rend en France s’installer à Neauphle-le-Chateau, d’où il prépare l’insurrection, lance invective sur invective contre le régime, tout cela sous l’aile complaisante des francais. Ceux-ci sont chatouillés par la présence de ce révolutionnaire dans la terre natale de la Révolution et puis, ils ne sont pas indifférents au fait que Khomeiny pourrait réussir sa révolution. Ils veulent donc le ménager, c’est-à-dire ménager son pétrole et ses futurs rapports avec la France. En fait tout cela est si simple que c’en est banal. Le premier ministre s’en va, remplacé par un vieux général. Papa est nommé vice-ministre de la Cour et administrateur des finances royales, “comptable” comme il dit. Il ne reste d’ailleurs plus grand’chose à administrer.
(A suivre)

calzini turchesi

Perché vanno bene le foto scattate a villa Certosa, penetrando in una tenuta privata, e nell'abitazione ugualmente privata del premier Berlusconi a Roma e non quelle fatte in strada del giudice dai calzini turchesi? La Privacy è un optional?

domenica 11 ottobre 2009

1979 - 9

Vendredi 2 mars

Situation très confuse. Une coupure semble se faire entre Kh. e Bazargan.
Dimanche 4 mars
Bazargan ne semble pas capable de controler la situation. Kh. ,de Qom, lance des invectives à la Savonarole. Les exécutions continuent sur l’ordre de divers Komiteh Khomeini qui se sont formés spontanémentdans le pays, jusque dans les plus petits villages. Naturellement, dans de telles conditions, la justice (justice?) rendue est plutot sommaire. Bazargan est irrité et impuissant.

Mardi 6 mars

Maman me téléphone pour me rassurer (!). Karim et Dejahanguir maintiennent le contact avec papa par l’intermédiaire de plusieurs personnes. [ Il s’agirait en fait d’un infirmier de Qasr], mais en attendant , on ne parle pas de libérer papa. On ne “trouve pas de juge”, cequi parait étrange. Mes journées se passent dans une inquiétude latente. Je n’ai jamais rien éprouvé de semblable et je crois que ce qui distingue mon sentiment, c’est qu’il est sans issue, la situation elle-meme est sans issue, tout au moins dans l’immédiat. J’ai peur que K. Et Dj. s’habituent à la routine e ne fassent pas tout ce qu’il y a à faire . On ne peut se contenter des assurances que donnent les intermédiaires. Maman me dit que K. et Dj. vont s’adresser à Matine-Daftari, le neveu de Mossadegh, qui est un avocat célèbre (et un membre influent du comité pourl es Droits de l’Homme!!!) pourqu’il intervienne. Maman m’annonce qu’Azita et Rudy rentrent. Ce n’est pas très malin.
Jeudi 8 mars
Journée de la femme dans le monde. En Iran, les femmes manifestent contre le port du voile et autres contraintes que l’Islam impose aux personnes de leur sexe. Kh. réplique avec duvet [plusieurs femmes dans la foule reçurent ce jour-là des coups de couteau]. Matine-Daftari, président de l’organisation des droits de lhomme, demande de pouvoir surveiller les procès qui se font actuellement et de visiter les prisons pour voir les conditions de vie des prisonniers. Le gauche et le centre libéral se lient de plus en plus, en vue d’obtenir que le référendum du 30 mars ne pose pas la question “République islamique ou monarchie, mais plutot “République tout court ou monarchie”. Bazargan est impuissant et la rupture avec KH. qui est le principal baton dans ses roues, se précise de plus en plus: On annonce que le nouveau régime va faire le procès par contumace de la famille royale. Mon impression est que papa restera en prison tant que ce procès ne se fera pas. Sept personnes fusillées.

Vendredi 9 mars

Bazargan menace de démissionner. Kh. l’attaque ainsi que ses ministres qui veulent une démocratie à l’Occidentale, qui se comportent pire que les anciens ministres par leur luxe et leur inertie. Huit personnes fusillés pour délits sexuels!!! Manifestations de femmes que les jojjaheddin attaquent à coup de conteau. Le ministre de la justice déclare à la presse qu’il ne faut pas se scandaliser des arrestations arbitraires et des exécutions sommaires. André Chénier ne fut-il pas arreté et décapité pour une raison tout à fait insignificante? Merci.

Samedi 10 mars

Bazargan se réconcilie en apparence avec Kh. auquel il rend visite à Qom avec une délégation de ministres: en fait la situation pourrit et le gouvernement manque de poigne, d’idées et de volonté. Cela rend la situation de papa très dangereuse. Cha’aban Bimokh a été exécuté parce que “gangster à la solde du roi”.

Lundi 12

Appelle maman. Elle me dit que Karim a garanti (comment peut-il garantir quoi que ce soit?) que papa serait sorti dans trois jours parce que le gouvernment a investi trente juges pour qu’ils en finissent avec tout les dossiers en cours. Papa va bien, parait-il, mais maman n’a pas une bonne voix. Ou plutot elle essaye sans y réussir, elle me dit que les autorités auraient conseillé que papa “ne rentre pas à la maison, parce qu’il y a beaucoup de gens mal intentionnés (textuel!) qui s’en prennent aux libérés. Veulent-ils mettre papa en liberté surveillée?

Jeudi 15

On annonce que Hoveyda a été condamné à mort par le tribunal islamique. Mon inquiétude croit de minute en minute. Et papa? Les chefs d’accusation contre Hoveyda: avoir favorisé le sionisme et la politique américaine en Iran. D’avoir agi, en somme, contre la loi du Coran. L’Amérique n’existait pas encore au 7e siècle et le sionisme, s’il y en avait, était à ses premières armes. Ces memes accusations – sionisme, favoriser les Etats-Unis – vaudraient pour papa. Cauchemar.

17 mars, samedi

Bazargan se rebelle et va voir Kh. à Qom. Il lui dit le mauvais effet que font les exécutions sommaires à l’étranger. Kh. donne l’ordre de suspendre tous les procès et toutes les exécutions jusqu’à ce qu’ont ait étable un règlement en la matière. Aucune nouvelle de maman. Papa n’a donc pas été libéré (comme l’avait promis Karim). Il y aura un procès, j’en suis sure.

venerdì 9 ottobre 2009

Relire Céline

Je termine à l’instant les lettres de Céline à Albert Paraz. Je me suis amusée de cette langue dont je n’ai pas saisi un traître mot mais dont j’ai compris le sens et la précision. Le sens de la révolte surtout, de l’anticonformisme, contre le pouvoir, la mode, la vanité, la prévarication. Céline a supporté de me pas être aimé, compris, admiré, il a supporté d’être calomnié, traité de criminel, raciste, renégat, collaborateur, malgré son génie. Il se défend et reste debout à cause de son génie. Il est encore là. J’ai terminé le Voyage, dont tant de passages sont à méditer. Je continue ce voyage au bout de Céline, quarante ans après l’avoir lu la première fois, quand beaucoup de pages étaient encore laissées en blanc. Aurai-je le temps d'arriver au bout du personage?

giovedì 8 ottobre 2009

caccia alla volpe


Hallali! La grandiosa caccia volge alla fine. Fra poco verrà ucciso l’animale. Antipatico, non c’è che dire, furbo, predatore anche lui… di galline. I cacciatori si ergono, tesi, determinati, sui loro portentosi cavalli. La muta impazzisce all’unisono con guaiti furiosi. Fra poco la preda sarà sbranata, la coda portata via in trionfo. Chi è la vittima?

martedì 6 ottobre 2009

numeri...

Lo sapevate che la zona rossa intorno al Vesuvio comprende 200 kmq , 18 comuni e 600.000 abitanti, la zona gialla a pericolosità differita 1100 kmq, 96 comuni e 1.100.000 abitanti e, ben dentro, il più grande costruendo ospedale del Meridione, la zona blu, 14 comuni e 180.000 abitanti? Zone a alta densità, nessuna via di fuga se non si abbatte interi abitati? Cronaca di un altro (mega) disastro annunciato?