Peut-on aimer Céline?
Sa hargne, son langage vulgaire, ses récriminations continuelles…. Ce n’est pas vraiment nécessaire. Au début, il faut simplement baisser ses gardes, laisser de coté les préjugés et lire. Très vite, on est pris au piège, on n’a meme pas besoin d’essayer de comprendre, on comprend. Le personnage se pose en transparence derrière le fatras des mots. Il est comme un enfant qui n’a pas grandi et qui ne devient pas plus sage avec l’expérience. il est dérouté par le spectacle du monde. Il n’a pas appris le compromis et les bonnes manières, il commet des betises, se révolte contre les injustices, l’hypocrisie, l’indifférence. ce qui lui fait dire ce qu’il pense parce que c’est ce qu’il voit. Avec ses yeux d’enfants et bientot ses désillusions d’adulte, avec la brutalité de langage que mérite la brutalité des situations. Et le fatras des mots représente si bien et avec tant de force ces situations qu’il devient tactile et sensoriel et Céline, enfant, adulte, n’a pas peur de s’en servir. Il n’en fait pas un art, mais une arme de défense. Les médisances de quartiers, les gifles et les menaces des parents, les violences des individus et de la guerre, il n’y a pas de hiérarchie des maux à ses yeux, ou de discrimination, ni de limite à son indignation. Il s’insurge contre les blessures qu’on lui inflige, mais n’y a-t-il pas dans son attitude l’instinct de reconnaitre la faiblesse, la subordination des désarmés face aux velléités des puissants e des bien pourvus? Et de ne pas les accepter ou de les accepter comme entièrement inévitables et odieuses , ce qui revient au meme.
Céline grandit comme une sorte de paria, il le restera jusqu’au bout,. Cela devient meme une sorte de cuirasse dans laquelle il conserve jusqu’à la fin l’innocence et la liberté,. Cela lui permet de dire ce que personne n’ose avec des mots que chacun pense mais que personne n’ose.
Oui, on peut, on doit aimer Céline.
Lecture en cours, quarante ans après la première fois: Mort à crédit. Je vais à rebours, Rigodon, Nord, D’un chateau l’autre et ce n’est pas fini. J’y reviendrai, j’y suis déjà revenue, très longtemps après. Ce ne sont pas des livres que l’on pose et qu'on ouble pour toujours, une fois qu’on les a lus.
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