martedì 25 agosto 2009

1979 - 6

Vendredi 9 février

Cette nuit à 23 h, après une transmission de la télévision sur Kh. , les cadets de l’école d’aviation de Doshan Tapeh à Narmak se sont déchainés. La garde impériale a réagi en mettant en état de siège la caserne. La foule s’est déchainée elle aussi en faveur des cadets. Grands désordres avec nombre de morts: (C’est drole: j’utilisais encore le mot “désordre”. Je ne m’étais pas du tout rendue compte qu’il s’agissait du début d’une révolution. Ce meme jour, papa m’écrit de Témouga. Je raconterai plus loin l’histoire extraordinaire de cette lettre…)

Samedi 10 février (papa n’a plus qu’une semaine de liberté)
Les désordres continuent. 200 morts au moins. Un journaliste du LA Times a été tué. Téléphone à maman le soir. Elle n’a aucune nouvelle de papa. Elle me dit que d’après “Le Monde”, la garnison d’Esfahan se serait soumise à Kh. et aurait décreté la république islamique à Esfahan. Maman me prie d’appeler papa. J’essaye. Kh. donne l’ordre de défier la loi martiale et de rester dans les rues. Les gens obéissent. Les manifestants sont armés. Les cadets de Narmak auraient cédé leurs armes à la foule et lui enseigneraient à s’en servir. Les communistes du Tudeh mènent la bataille de rue.
Dimanche 11
Parle à Karim au téléphone, qui me dit que la ville est hérissée de barricades mais que dans l’ensemble l’armée tient et continue à soutenir Bakhtiar. Calme relatif. Le couvre-feu qui avait été décreté a été levé car jugé inutile. Karim me dit que Kh. tente de négocier car il ne tient pas la foule. A Narmak et ailleurs le noyau dur des manisfestants est formé par les communistes protégés par les mollahs. Ce soir à 4h30 la radio annonce que les manifestants se sont emparés du parlement , de la présidence du conseil, des postes de police, de la radio nationales et des ministères. Ils ont pratiquement détruit l’ambassade d’Israel, fortement endommagé celle d’Egypte. Bakhtiar démissionne car l’armée se retire du jeu, préférant garder sa neutralità “afin de respecter la volonté populaire”. Les seuls qui résistent encore sont les soldats de la garde impériale. Les autres casernes ont été prises d’assaut, de meme que les arsenaux de l’armée et les magasins d’armes. Au moins 1000 morts. Situation très floue dans le reste du payx. Rahimi, le gouverneur de la loi martiale (qui a remplacé Oveicy) est arreté (il sera fusillé avec Nassiri, chef de la SAVAK et dépecé par la foule). Carter a avisé les généraux (par l’intermédiare du général Huyser, envoyé en Iran) que les USA ne soutiendrait pas un coup d’état. C’est sans doute la raison de la neutralité de l’armée et de la démission conséquente de Bakhtiar.

Lundi 12 février
Proclamation de la république islamique d’Iran! Les ambassades d’Iran sont toutes rebaptisées et occupées. Bazargan prend le pouvoir au nom de l’Islam et Bakhtiar est introuvable. La rumeur court qu’il s’est suicidé (s’il est mort, je crois plutot qu’il a été assassiné). La rhétorique est à l’ordre du j0ur. A la radio italienne les journalistes , pris de passion révolutionnaire, disent des betises invraisemblables. Kh. et Bazargan invitent la foule au calme et disent que tout désordre, toute atteinte aux biens publique, tout pillage sera considéré comme une “trahison”. Le palais de Niavaran et la caserne de la garde impériale sont occupés. Les gardes se rendent. Maman m’appelle et me rassure sur le sort de papa et de Karim. Bakhtiar serait à Sa’adabad. Réactions de l’étranger: le Pakistan reconnait la nouvelle république islamique. Arafat envoie un télégramme de félicitations à Khomeiny. Le roi, au Maroc, dit que l’Occident l’a abandonné (et c’est vrai, de l’Amérique en particulier). Carter, dans une conférence de presse, annonce que des négociations sont en cours entre les dirigeants de la nouvelle république et les Etats Unis et qu’il respecte le choix du peuple (c’est le moins qu’il puisse faire puisque s’est en bonne partie à cause des pressions américaines que l’armée s’est rendue). L’URSS jubile pour “cette victoire du socialisme”. En fait c’est bien de cela qu’il s’agit. Le temps le montrera. Papa l’a toujours dit, de meme Enzo qui ajoute que la prochaine mesure qui prouvera que la prise de pouvoir avantage les communistes sera la destitution des généraux et la désagrégation totale de l’armée. La bataille de rue a été organisée par le Tudeh. Il est évident que le communisme ne peut qu’etre parfaitement organisé mais il a toujours fait payer ses services.
Lundi 13 février
Destitution de plusieurs généraux. Le Tudeh annonce son appui officiel à la nouvelle république de Bazargan qui prend officiellement possession de la présidence du conseil. Les pays occidentaux reconnaissent l’un après l’autre la nouvelle république. Le pétrole naturellement est le souci de tout le monde. Mais c’est une vaste illusion de croire que les jeux sont faits. d’une part, et que l’Occident aura le pétrole iranien parce qu’il a reconnu la république islamique. Tant que les communistes n’auront pas obtenu ce qu’ils veulent, c’est à dire, l’hégémonie, la crise n’aura pas son dénouement. L’URSS ne peut admettre à ses frontières l’existence d’une nouvelle république qu’à cette seule condition. L’URSS sait ce qu’elle fait. Elle a besoin du pétrole iranien, elle a besoin d’hégémoniser le Moyen-Orient, encerclée comme elle l’est pas l’axe sino-américain. Elle ne se sentira en sécurité qu’à cette seule condition. Carter a rompu l’équilibre de la détente. Ce sont les petits pays qui servent de tampon à l’affrontement des deux impérialismes (Cambodge, Iran, bientot le Pakistan, l’Afganistan déjà…).
J’apprends à midi que Bakhtiar a été arreté, plusieurs généraux tués. La présidence du Conseil où s’est installé Bazargan a de nouveau été attaquée par des commandos dont on ignore la couleur. La rumeur veut que le roi ait été enlevé par un commando palestinien. L’OLP et le Maroc démentissent.

Mardi 14 février
Ce matin, en me réveillant, j’apprends par la radio que l’ambassade USA a été prise d’assaut pas un commando de “fedayn” d’extreme gauche et que Sullivan et 60 autres membres de l’ambassade ont été pris en otage. Kh. qui, la veille, avait fait un appel à l’unité et prié la population de rendre les armes aux mollahs, a condamné cette attaque, a lancé un appel au fedayns pour qu’ils se rendent et libèrent les otages. Bazargan et son vice Yazdi se sont rendus sur les lieux et ont négocié la libération des otages. 2 fedayns morts, 2 marines blessés. Presque au meme moment, les terroristes shi’ites afgans ont pris en otage l’ambassadeur USA en Afganistan qui, au cours d’une bataille, entre terroristes et police, a été tué (il s’appelait Adolph Dobbs).
Dans l’après-midi la radio annonce que de graves troubles ont oposé des ex-membres de la SAVAK et la population à Tabriz. Il y aurait eu des centaines de morts. Plus tard j’apprends que la radio Téhéran aurait été attaquée par un commando armé dont on ignore toujours la couleur politique et qu’un appel a été lancé pour que la population vienne en aide aux assiégés. On a l’impression que l’anarchie règne un peu partout et que si cela continue, Kh. et Bazargan seront rapidement débordés. La situation prend un vilain tour de guerre civile, ou est-ce encore tot? Naturellement mon inquiétude pour papa et Karim est toujours au meme point.
Chine et Maroc ont reconnu le nouveau régime.
Mardi 15 février
Journée relativement calme. L’ambassade du Maroc a été occupée par les Mojaheddin, sans graves conséquences. Mais les armes ne rentrent pas, les soldats ne regagnent pas leurs casernes. L’Azerbaidjan connait encore des désordres inquiétants. Par-ci par-là s’allument des foyers de résistance contre le gouvernement révolutionnaire. Les universités servent d’écoles d’entrainement à la guerrilla.

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